jeudi 31 mai 2018

Biographie de Pierre Teilhard de Chardin - Esquisse de ses idées - Lyceum Troyes 5 juin 2018 + Art. dict. Univ. Cambridge























































































Article du Dictionnaire de philosophie de l'Université de Cambridge* concernant Teilhard de Chardin

Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), est un paléontologiste français, prête jésuite et philosophe. Son œuvre philosophique, publiée seulement à titre posthume, a été vigoureusement débattue tout au long de sa carrière. Ses écrits ont généré une controverse considérable à l'intérieur de l'Eglise, dès lors que sa principale préoccupation fut d'apporter une réconciliation forte et déterminante entre le dogme  traditionnel chrétien et les ouvertures remarquables apportées par la science moderne. Sa philosophie est une réflexion systématique sur la cosmologie, la biologie, la physique, l'anthropologie, la sociologie et la théologie - réflexions guidées par sa fascination pour la nature de la vie, de l'énergie et de la matière, et par son profond respect pour la spiritualité humaine.
Teilhard a étudié la philosophie et les mathématiques au collège jésuite de Mongré, près de Lyon. Il est entré dans l'ordre des jésuites à l'âge de dix-huit ans et a été ordonné prêtre en 1911. Il est allé étudié à Aix-en-Provence, Laval et Caen ainsi qu'à l'île de Jersey et à Hastings en Angleterre. De retour à Paris après la guerre, il étudie la biologie, la géologie et la paléontologie au  Musée d'Histoire Naturelle et à l'Institut Catholique puis en 1922 il est obtient le titre de docteur en géologie. En 1923 peu de temps après avoir eu un poste de géologie à l'Institut Catholique, il l'abandonne pour poursuivre ses recherches en Chine. Ses recherches aboutissent à la découverte en 1929 de l'homme de  Pékin (Sinanthropus pekinensis) - pour lequel il voyait "peut-être le dernier maillon entre les anthropoïdes et l'homme". C'est durant cette période qu'il commence son ouvrage théorique majeur, Le Phénomène humain, dans lequel il insiste sur la complexité continue de l'évolution et l'émergence de l'homme à partir du monde animal. Il soutient que la théorie de l'évolution est compatible avec la doctrine chrétienne. En effet il s'agit d'une synthèse de la théorie de l'évolution avec sa propre théologie chrétienne qui est peut-être l'aspect définissant le mieux le contenu général de sa pensée.
Partant du tout début de l'évolution, avec ce qu'il appelle le "point Alpha" de la création, la théorie générale de Teilhard s'oppose à toute rupture entre matière inerte et matière vivante. Pour lui, matière et esprit sont vraiment deux "faces" ou "aspects" de la même étoffe cosmique. Les passages d'un état à l'autre pourraient être dits correspondre à des passages entre le somatique et le psychique, l'extérieur et l'intérieur, compte-tenu de l'état de développement relatif, d'organisation et de complexité. En conséquence, pour Teilhard, autant que pour Bergson (dont l'œuvre a eu une grande influence sur lui), l'évolution, ou le développement, est caractérisée par une progression partant des composants les plus simples de la matière et de l'énergie (qu'il appelle la lithosphère) en passant par l'organisation de la flore et la faune (la biosphère) jusqu'aux formations complexes de la vie humaine avec conscience et connaissances (la noosphère). Dans ce sens l'évolution est une "spiritualisation progressive de la matière". Il a soutenu qu'il s'agit d'un processus d'orthogenèse, une unique "évolution dirigée" ou "genèse" par laquelle la matière aurait sa propre évolution irréversible dans un processus d'enroulement et de complexification, qui conduit au psychique.
Plus précisément, le mérite de Teilhard est d'avoir chercher à surpasser ce qu'il considérait comme une vision du monde préscientifique, fondé sur un dualisme métaphysique largement archaïque et indéfendable. En faisant cela, il espérait réaliser une convergence déterminante entre la science et la religion. La fin de l'évolution, le "point Oméga", serait la pleine présence du Christ, incarné dans une société humaine universelle. Beaucoup ont tendance à voir dans de telles vues un panthéisme chrétien. Teilhard lui-même souligne une perspective spirituelle profondément personnel qui est tiré non seulement de la tradition théologique de Saint Thomas, mais aussi du néoplatonisme de Saint-Paul et du mysticisme chrétien - cette tradition vient de maître Eckhart reprise par le cardinal Bérulle et Malebranche.
D.AL.
Traduction d'Olivier et Dominique Claret

* issu du dictionnaire vendu en 2017 à la librairie de l'université